Une assurance pour couvrir la réduction des phytos à l’étude
La Banque des territoires a publié une étude qui évalue la possibilité de couvrir via une assurance les risques sanitaires liés à la réduction de l'utilisation des produits phytosanitaires.
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À l’instar des aléas climatiques, les chercheurs s’intéressent aux conséquences des aléas sanitaires. Dans une étude menée par la Banque des territoires, l’école des ponts et AgroParisTech, Anna Antraygues, une étudiante chercheuse, s’est intéressée à la possibilité de mettre en place un système assurantiel pour pallier les risques induits par la réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires. Cette étude, basée sur des entretiens avec les parties prenantes des filières et du secteur assurantiel, met en exergue les nombreux obstacles sur la route d’un tel projet, notamment financiers.
Une transition économiquement risquée
En étudiant les réponses des personnes interrogées sur les dispositifs de réduction des phytos (PPS) existants, l’autrice constate plusieurs limites. Sur le grill, le plan Ecophyto qui n’a « jusqu’ici pas permis une réduction de l’usage des PPS à la hauteur des objectifs » ou encore la stratégie nationale de biocontrôle dans laquelle les « réflexions concernant la prise en charge financière des risques associés » ne sont pas « abouties ». Sur les MAEC (mesures agroenvironnementales et climatiques) du second pilier de la Pac, la rédactrice ressort que les « montants unitaires ne couvrent pas les pertes exceptionnelles de rendements qui pourraient être associées à de nouvelles pratiques, mais visent davantage à couvrir les hausses de charges et les baisses de compétitivité moyenne ».
Trois éléments à retenir sur Ecophyto 2030 (03/05/2024)
D’une manière générale, la chercheuse retient que « l’ensemble de ces dispositifs représentent des coûts conséquents pour la puissance publique mais ne permettent pas une massification de la réduction de l’usage des PPS ». En détail elle observe que les différents dispositifs ont une « couverture des pertes allant jusqu’à 10 % du produit brut et ils ne permettent donc pas la couverture des risques exceptionnels subis certaines années sur les exploitations ». D’où la pertinence d’une assurance pour « prendre le relais ».
Les 4 freins identifiés pour une assurance phyto
En étudiant des outils existants notamment en viticulture, Anna Antraygues liste plusieurs obstacles pour un développement plus général de ce type de solution :
- Le coût conséquent des pertes et donc des cotisations;
- Les coûts de gestion pour suivre les pratiques et les pressions sanitaires lié au manque de connaissances sur les risques;
- La difficulté à mener des contrats parallèles entre risques climatiques et risques sanitaires;
- Un contexte politique défavorable avec la récente réforme de l’assurance récolte.
Quelques pistes de solution
En conclusion de ce rapport, l’autrice recommande de s’en remettre au terrain, via des expérimentations afin de « pallier le manque de référentiels » et mieux connaître les coûts induits. Elle suggère en outre que les acteurs de l’assurance se concertent pour une « adaptation des outils assurantiels aux pratiques à bas niveaux d’intrants ». Mais le plus gros dossier sera financier. Anna Antraygues plaide ainsi pour des « dispositifs pérennes de subventions d’assurances aux changements de pratiques pour soutenir un produit assurantiel sur le long terme ».
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